Depuis 2008, mon expérience de professeur d’éveil musical au conservatoire du XVIIème arrondissement de Paris et les nombreuses actions culturelles que j’ai fait avec les orchestres symphoniques m’ont permis de développer un protocole créatif adapté à des groupes d’amateurs non musicien, et conduisant à l’élaboration d’une création musicale « sur mesure »
Au fil des années, j’ai réalisé que l’on pouvait faire vivre à ces groupes d’enfants, jeunes adultes ou adultes, une expérience compositionnelle et scénique de niveau professionnel, en ne travaillant que sur des objets et textures sonores très facilement réalisable, et en ne concentrant le travail que sur la qualité et la beauté des objets réalisés.
« Les 3 Coups »
Projet réalisé en Novembre/Décembre 2017 avec des travailleurs handicapés, à Villeparisis dans le cadre de l’action culturelle de l’Orchestre National d’Île de France.
« Le pont sur le monde »
Projet réalisé entre Janvier 2018 et Juin 2019 sur 2 années scolaire, à partir de polyphonies bulgares, dans 8 écoles du grand Avignon, en collaboration avec la chef de choeur Cati Delolme.
« 236 Kilomètres » Projet réalisé en Octobre-Novembre 2015 à l’institution Marmoutier de Tours dans le cadre des fêtes de la St Martin et du Musibus Europe Festival (association « à fleur de notes ». Teaser réalisée par Hannah Kuger
« I have a dream » projet réalisé entre Novembre 2011 et Mars 2012 avec 4 classes de CP d’Alfortville 4 musiciens de l’Orchestre National d’Île de France: Video réalisée par François Barbier
Interview réalisé par Violaine de Souqual (ONDIF, Janvier 2012)
Voilà plusieurs années qu’on fait appel à tes talents de pédagogue et compositeur, mais avec quel type d’élèves tu préfères travailler ?
Les très jeunes sans hésiter. Entre la fin de la maternelle et le CP, (c’est d’ailleurs la tranche d’âge de mes cours d’éveil musical au conservatoire de la Jonquière dans le XVIIème arrondissement de Paris). La classe de grande section de Maternelle est la première année ou les enfants ont pour la plupart conscience d’exécuter une forme musicale avec un début et une fin, auparavant ils se comportent comme dans la vie de tous les jours et ne peuvent pas se concentrer sur une scène.
Evidemment tout ceci est encore un peu fragile et comporte des contraintes. Mais s’il faut gérer en premier lieu le problème de la discipline et de la concentration, tout ce qui touche à la motivation et à l’enthousiasme est un vrai bonheur. Des enfants de cet âge là n’ont pas le moindre à priori négatif et prennent réellement ce qu’on leur donne. De plus, ils ne font jamais les choses à moitié et ne sont pas dépendants du regard des autres.
Cette année, le challenge est élevé, avec quatre classes de CP, pas facile non ?
Non! Pas facile…mais tellement riche et exaltant. Si l’on sait mettre du rythme dans la séance, ne pas rester trop longtemps sur le même élément sans le négliger, alors c’est juste une question de temps.
Tu en tires quelle expérience ?
L’art de la concision, de l’efficacité, et la canalisation de l’énergie pour leur transmettre. Comme je disais plus haut, ils prennent ce qu’on leur donne…mais sont aussi un miroir de ce qu’on leur donne. Et s’il y a du flou au départ dans la proposition, cela ne donne rien du tout. Tout ce qui est de l’ordre du cérébral dans la composition doit rester à sa place: dans la tête du compositeur!
Pas facile de faire amener des petits de 5-6 ans a composer, comment t’y prends-tu ?
Même s’ils ont la capacité d’inventer des mondes sonores incroyables, ils ne peuvent pas le structurer seuls dans une vraie composition. Il faut donc d’abord leur faire produire une matière sonore que l’on structurera par la suite.
Par exemple, pour le projet autour de Martin Luther King, J’ai d’abord dégagé les 3 sentiments qui émanent du document sonore du discours « I have a dream » : La tristesse, la colère et la joie. Je les ai soumis aux élèves qui m’ont fait des propositions sonores pour les exprimer, (bruits de foule, cris, rires, chants etc.) des plus pertinentes aux plus anecdotiques. Il ne faut d’ailleurs rien négliger, même une proposition qui peut paraitre ridicule au départ peut, si on la creuse, donner des choses très intenses. Puis, je leur ai fait développer les éléments les plus convaincants en les familiarisant avec mes gestes. N’étant pas chef de choeur, je construit ma gestuelle avec eux, de manière à les habituer.
La 2ème étape du travail s’est faite avec 4 des musiciens de l’ONDIF, (Contrebasse, flûte, hautbois, violoncelle) Ils sont intervenus chacun dans une classe différente et leur ont soumis leur propositions sonore instrumentale pour exprimer les 3 sentiments. Les élèves ont réagit à ces propositions et cela a fait évoluer leur travaux dans une autre direction. La matière de base s’est alors amplifiée et j’ai pu commencer à écrire. C’est une manière de procéder proche des chorégraphes en fin de compte, mon expérience de la danse n’y est pas pour rien.